lundi 18 février 2013

Iles du Cap Vert – 21 au 29 01 2013



Ça y est, nous voilà au Cap vert ! Ce pays est un archipel de 10 îles se situant au large du Sénégal. Ce sont de petites montagnes asséchées par le vent qui nous accueil. Le mouillage qui nous a été conseillé est facile d’accès, il se trouve sur le port de pêche de Palmeira, l’endroit est déjà pas mal occupé, il nous faut quelques temps pour lâcher l’encre dans de bonnes conditions. La présence d’épave sous l’eau, dans ce genre de lieux est un souci malgré la position GPS de celles-ci, il est toujours dangereux et approximatif de s’en rapprocher.

La mission du jour est le montage de la grosse annexe qui nous sera nécessaire pour débarquer à terre. Chose faite et moteur mis en place, nous pouvons rejoindre la ville pour faire comme d’habitude : Les papiers qui sont les droits d’entrée (la clairance) et les formalités d’immigration. Donc comme l’oblige la loi on paye un droit d’entrée, ensuite avec José et Nadia nous allons à pied pendant 1H30 jusqu’au petit aéroport pour les passeports, et on redonne encore un peu de fric.



La grande ligne droite le long de l’aéroport est le lieu du footing, il est 17h, les Cap Verdiens sont à fond. Naturellement comme un bon petit français que je suis, je me joins à eux pour 15 min de petites foulées. Je dois avouer que c’est assez agréable de se dépenser un peu, du fait que sur le bateau les mouvements sont assez limités. Il se dit qu’en navigation, les muscles travaillent en permanence pour s’équilibrer. Vrai au Faux, je ne peux pas encore le dire, il n’empêche qu’un peu de course à pied à 25°C, ça ne peut pas faire de mal. C’est à Espargo, où nous passons quelques heures que l’on commence à voir et entendre le Cap Vert. Les rues sont occupées d’une grande majorité de personnes ayant entre 15 et 35 ans, une population originaire du Sénégal est présente, ce sont eux les plus pauvres, ils vendent comme dans tout les pays du monde des bracelets, des super lunettes de soleil et autres articles invendables.


Le soir nous retrouvons Bernard dans un petit bistrot, style paillotte, à vrai dire le seul endroit où l’on peut manger, autre qu’un restaurant. Nous y buvons, ce qu’ils appellent un punch, un genre de mélange sucré fait maison. Un supplice pour le finir, franchement pas bon, mais je n’ai pas l’habitude de laisser ce qu’on me sert. Nous grignotons des beignets de poisson frits, puis retour au bateau avec l’annexe.



Le lendemain matin, nous sommes à terre dans l’attente de l’arrivée des pêcheurs. Ca y est, les voilà, ils déchargent leurs filets où sont emmêlés de nombreux maquereaux. Les gens du village sont amassés autour d’eux. Avec un fonctionnement que je n’ai pas saisi, chacun prend ses poissons, pour les uns une poignée et pour les autres plusieurs dizaines. Une fois les filets vidés, tout ce petit monde se disperse jusqu’au prochain bateau qui fera son arrivée.



C’est aujourd'hui, le 23 janvier que le Cap Vert joue contre le Maroc dans la Coupe d’Afrique des Nations. Avec Nadia et José nous prenons un taxi collectif jusqu’au centre ville d’Espargo. Nous nous installons dans un café où il y a du monde et un peu d’ambiance. Il n’y a pas beaucoup de gens dans les bars, en raison, je crois, du coût élevé de la vie et donc des consommations. Malgré cela, les Cap Verdiens se réveillent au premier but, les klaxons raisonnent dans toute la ville. L’égalisation du Maroc n’y change rien. Les drapeaux du Cap Vert, flottent sur toutes les voitures, pendent aux fenêtres, petit à petit le calme revient pour retomber dans la tranquillité. Nous retournons au petit port et appelons Bernard au talkiwalki qui vient nous chercher avec l’annexe. Les nuits sont tranquilles et calmes en bateau, hormis les petits bruits incessant des cordages ou des petites pièces qui pièces qui roulent dans les tiroirs, pièces alors.



Le départ de l’île de Sal est prévu en début d’après-midi afin d’effectuer les 120 miles nous séparant de Sao Vicente dans la nuit et ainsi arriver au levé du jour. Il est toujours préférable d’entrer dans un port de journée, on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre malgré les informations données par le GPS et les cartes marines. De plus un transit constant des cargos, de féries et de plaisanciers dans ces zones ne facilitent pas la chose.



Il est 7h du matin, je suis de quart. Cela fait une heure que nous longeons les côtes. Le jour se lève en même temps que l’équipage au complet. Il nous faut dans un premier temps passer entre le rocher et la pointe de l’île, puis éviter 2 cargos qui sortent du port et enfin repérer les épaves. Nous pouvons alors nous faufiler entre les bateaux au mouillage et à notre tour, jeter l’ancre.



Il est 9h, les manœuvres sont finies, nous pouvons alors relâcher notre attention et profiter d’un bon café. Il nous faut alors préparer le bateau pour un mouillage de quelques jours. C’est-à-dire bien ranger les voiles dans leurs protections anti UV, attacher un maximum de cordages risquant de taper le mât, monter l’éolienne pour une meilleure production, installer le moteur hors bord sur l’annexe, et là enfin nous sommes parés pour le débarquement. Comme d’habitude, passage obligatoire aux douanes et à la police, c’est là que nous retrouvons des personnes rencontrées dans les ports précédents, ainsi que de nouveaux navigateurs et navigatrices. La ville de Mindelo est assez jolie, des bâtiments coloniaux de l’ère Portugaise sont largement présents. Des marchés couverts de poissons par ci, de légumes par là, sont dispersés. 



Certaines rues sont elles aussi un genre de marché où chacun proposent ses quelques produits qui leurs permettent de gagner un peu d’argent. Je me suis laissé tenter par pas mal de choses car comme vous me connaissez, il faut que je goûte tout. Alors mes grignotages furent, un genre de merguez avec des gros bouts un peu space, des beignets de poulet et de poisson, du poisson pané et des beignets de banane. De la bonne friture bien grasse, voilà quelque chose dont je me suis régalé et qui contraste avec l’alimentation à bord du voilier.



En fin d’après-midi, je prends une réservation pour 2 plongées sur la côte Ouest de l’île, à côté de San Pedro. Le rendez-vous est fixé à 10h du mat, je retire mes 1100 Escudos (110 euros) pou la plongée et un peu d’argent de poche. Me voilà dans le taxi collectif qui me dépose donc à San Pedro, de là je marche une quinzaine de minutes jusqu’au Foya Branca qui est un complexe touristique au milieu de rien sauf de la plage. Il est 9h, je me ballade dans ce lieu complètement artificiel où les piscines et petits jardins se côtoient. Pourquoi ne pas profiter d’être ici pour allé voir ce qui se passe au restaurant du complexe. Je me présente et décide d’y prendre un petit déjeuner. Je sais que ce n’est pas trop conseillé avant la plongée, mais je me suis goinfré de bacons, saucisses, œufs au plat et brouillés, pain perdu, tartines, crêpes et un peu de café et jus de fruit. Bon, il faut être raisonnable, de toute façon il est 10h, il est l’heure que j’y aille. Je rempli l’habituel formulaire de décharge, essaye la combinaison et hop nous voilà sur la barque de pêcheurs qui va nous mener sur le site de plongée qui est de part et d’autres de la Playa Ribéria (idéal pour un mouillage).



Madeleine, 65 ans est la seconde personne qui est vient plonger, nous sommes accompagnés de 2 moniteurs et 2 pêcheurs pour le bateau. Les conditions sont idéales car l’eau est très claire et c’est à l’abri du vent. Le must est quand même d’avoir un accompagnateur par personne, cela ne risque pas d’arriver aux Antilles. La première plongée dure 45 minutes, nous sommes descendus à 22m. C’était super, il y avait des poissons de toutes sortes, entre autre un énorme poisson coffre dont la tête  était grosse comme un ballon de foot. Dans une cavité difficile d’accès nous avons observé un requin nourrice d’environ 1m50. Première plongée de toute beauté ! Ensuite nous sommes allés  dans la petite crique de la Playa Ribéria pour effectuer une pause d’1 heure nécessaire entre 2 plongées. Je m’imagine bien ici au mouillage en bateau, un vrai coin de paradis accessible uniquement par l’océan. La seconde plongée s’appelle « les 1000 poissons », je confirme qu’elle porte bien son nom. Les poissons sont partout et de toutes les couleurs le long d’un massif immergé d’une vingtaine de mètres. Pour la première fois je suis rentré dans des galeries d’à peine 1m de haut. La sensation est assez étrange, voir flippante, car on est à 20m sous l’eau dans un tunnel où la mobilité est très restreinte. Pour avancer, il nous faut ramper, les bouteilles frottent le plafond, la lampe torche est notre seule lumière (merci Aurélien et Aurélie pour cette lampe torche qui est très utile dans l’eau comme sur le bateau lors des manœuvres). Enfin nous arrivons dans un espace où de nombreuses petites raies Manta se reposent et surtout un endroit qui va nous permettre de faire demi tour. Nous continuons au milieu des 1000 poissons, la plongée arrive à son terme, nous entamons la remonté. Quand d’un coût d’un seul, surgit des profondeurs, une immense Raie Manta, tout est relatif, elle devait bien, sans exagérer faire 2 mètres. Elle est venue nous saluer  avant de repartir à sa vie aquatique et nous à notre vie de surface. Jusque là je me disais du Cap Vert « Ouais bof, rien d’extraordinaire » et bien maintenant je suis émerveillé au souvenir de ces 2 plongées.
 Je retrouve Bernard en fin d’après-midi, je l’emmène dans les quelques lieux que j’ai repéré, de préférence typique et fréquenté de locaux. C’est au bar Lisboa que nous sommes restés fidèle. En permanence des musiciens plus ou moins éméchés prennent la guitare du bar et se lancent dans des délires de parfois n’importe quoi, mais aussi de très belles chansons Cap Verdienne, style Césaria Evora.



Tous les jours nous avons fréquenté cet endroit où un réel sentiment de joie et d’insouciance planent. Les milieux sociaux s’y mélangent simplement et des touristes comme nous sont rapidement intégrés, avec je l’avoue un peu de grogue (sorte de rhum maison dégelasse mais pas cher). Le soir nous dinons dans un restaurant où la aussi la musique fait partie du décor.


Ce dimanche 27 janvier 2013, le Cap Vert est euphorique, comme chez nous lors de la coupe du monde 98. Ça y est, pour la première fois de son histoire et pour sa première participation à la CAN, le Cabo verde est qualifié pour les quarts de final. La joie est à la mesure de l’exploit pour cet archipel d’îles qui a son indépendance que depuis 1975. La musique, les klaxonnent hurlent à tout rompre. Les pick-up sont chargés débordent, je ne pensais pas que l’on pouvait déplacer autant de monde sur une seule voiture. Des milliers de personnes se massent dans les rues, les drapeaux à la main, chantant la victoire de leur équipe.



J’ai vraiment l’impression d’avoir la chance d’assister à cette liesse populaire dans ce pays où parfois la vie doit être difficile. Je suis maintenant persuadé et convaincu que derrière son apparence réservée, le Cap Vert est plein de joies et de fiestas. La fête durera plusieurs heures avant le retour à la quasi normal pour un dimanche soir. Je finis la soirée dans une pizzéria avec Nadia, José et une dizaine de jeunes navigateurs. Parmi eux Capucine, qui a entreprise un long voyage à bord d’un petit bateau de 6m de conception très basique. Je n’ai pas été voir son blog www.whereisturatari.blospot.com, je pense que ça vaut le coût d’y jeter un coup d’œil. L’exploit me parait énorme quand je vois comment sur notre voilier de 14m50 nous sommes bougés dans tout les sens. Je l’imagine à ras la flotte au milieu l’immensité de l’océan, un truc de ouff!!



  A part elle, il y a beaucoup de bateau stoppeur qui cherchent des embarquements pour les Antilles ou le Brésil. Des familles avec enfants sont aussi là, venues en voilier. Et des types plus ou moins âgés venuent en solitaire depuis la France. C’est assez impressionnant de voir cette communauté française aussi jeune et nombreuse dans ce milieu qu’est la mer. Cela me rassure et je me compte que ce style de voyage n’est pas réservé qu'aux riches. Tout ce petit monde, une vingtaine de personnes, sommes le lundi soir au club nautique. 


Pour moi et d’autres, c’est la dernière nuit avant la grande traversée transatlantique. Cette soirée a été très festive. Après la fermeture du club où l’on a déjà bien festoyé, c’est dans la rue que nous avons continué à danser au rythme de l’accordéon et clarinette d’un jeune couple de bateau stoppeur. Avec un petit groupe et des Cap Verdiens nous avons continué dans divers lieux obscures de la ville où toujours la bonne humeur était de mise. Le jour se lève, nous ne sommes plus que 4 sur un voilier neuf en convoyage. Son skipper  les 2 équipières et moi, sommes au café. Pendant plusieurs heures, comme un livre audio, Stéphane nous conte les récits de ses nombreuses navigations durant 15 ans à travers les mers et océans du globe. Ce fut une soirée qui me restera longtemps en mémoire. Il est 10h du mat, faudrait peut-être que je rentre au bateau pour préparer le départ. J’appel Bernard à la radio, qui vient tranquillement me chercher. Je prends une petite douche fraîche et hop, c’est parti pour les préparatifs. Il est 14h00, je me retourne une dernière fois sur le Cap Vert pour lui faire mes adieux. C’est plein de belles images et rencontres, avec un très bon sentiment qu’à 15h enfin je peux aller m’allonger pour un repos bien mérité. Au revoir Cap Verdiennes, au revoir Cap Verdiens, au revoir les marins et peut être à une prochaine. Inch Allah qu’on se revoit !!!

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