samedi 23 février 2013

Transatlantique – 29 janvier au 15 02 2013


Nous voilà donc, Nadia, José, Bernard et moi, parties à bord de Sangui (voilier de 14m50 de type sloop) pour une longue traversée de l’océan Atlantique. C’est environ 2100 miles soit 4000 km en direct qui nous séparent maintenant du Cap Vert au Croissant Antillais. C’est le vent des Alizés soufflant régulièrement d’Est en Ouest qui devrait nous porter tout le long. Cette phase de navigation ne présente, à priori,  pas de difficulté importante du point de vue technique. La priorité étant pour que tout se passe bien, de préserver le matériel pour éviter des avaries importantes pour le bateau. Ensuite, la préparation de l’équipage doit être rigoureuse dans le sens ou il n’ait pas question de tomber malade au milieu de l’océan à plus de 2000 km des secours. Au quotidien une vigilance accrue est nécessaire, entre autre pour la manipulation des couteaux et de la cuisine en général. Nous sommes économes sur la consommation d’eau douce que nous avons embarquée en quantité suffisante mais certes limitée.
Le départ se fait tranquillement à allure régulière, environ 6 nœuds. Avant même la sortie complète de l’archipel du Cap Vert, nous nous retrouvons sous le vent de l’île de San Antao. C’est donc complètement abrité du vent que le bateau se retrouve immobilisé pendant au moins 5 heures. Il est 4h du matin quand enfin les voiles se regonflent entraînant Sangui vers le lointain horizon.



Les premiers jours le vent n’est pas très fort, de 5 à 10 nœuds. L’option de sortir de Spinnaker asymétrique est prise par Bernard, cette manœuvre est sûrement l’une des plus périlleuse sur un voilier. Elle consiste à envoyer une grande voile très légère sur l’avant du bateau, un tangon la maintenant écartée du bateau pour favoriser la prise au vent. Pour les futurs équipiers qui viendront avec moi sur Inti, vous aurez sûrement l’occasion de participer à cette manœuvre où l’un des rôles d’équipier est nommé le voltigeur. En ciseau, la grande voile d’un côté et le spi de l’autre, est la configuration où il y a un maximum de voilure. C’est à mes yeux et pour beaucoup d’autres la plus magique et agréable des navigations. La raison étant, en général, la présence d’un vent raisonnable et d’une mer peu agitée.



 
Je suis impatient de pouvoir naviguer avec mon voilier, mais je sais qu’avant de trop rêver il faut commencer par quelques entretiens et réparations qui devraient me prendre plusieurs mois. Avis aux courageux, j’ai mon tableau arrière à stratifier (fibre de verre et résine polyester), mon enrouleur de foc que j’ai tordus lors du passage de l’écluse du Nourrigier est à réparer, changer ou au mieux à redresser. Ce n’est pas fini, il faut que je remette mon moteur hors bord en place et alors enfin je pourrais mettre le mât en position. Je compte bien après mon installation à Redessan, petit village à côté de Nîmes, m’investir entièrement dans ces travaux afin que cet été je puisse, avec ceux qui le veulent aussi, profiter des joies de la balade côtière, de la pêche et des mouillages sur les plages désertes.
 


Bernard me conseil d’un point de vue technique sur les travaux à réaliser, ainsi que sur le choix des bons fournisseurs de matériaux et d’accastillage. C’est toujours intéressant d’avoir les bonnes adresses locales, même pour bien manger. Et oui, en parlant de nourriture, il faut quand même dire que les menus de la journée sont une occupation non négligeable dans notre quotidien. En effet, après 4 jours de navigation, les journées sont assez semblables les unes des autres. Il n’est pas évident de savoir quel jour nous sommes, de plus au fur et à mesure nous effectuons le décalage horaire afin d’obtenir moins 5 heures à notre arrivée. Le vent étant constant, le bateau bien réglé, il y a très peu de manipulations à opérer.



Dès le jour levé, mon travail est de m’occuper de la pêche. En général, c’est une mitraillette montée de 6 petits leurres que je mets à l’eau à environ 30m. Puis une canne moulinet à 50m sur laquelle j’accroche soit un poulpe plastique soit un raglout (genre de vers plastique). Le deuxième jour, je fais ma première prise, c’est une petite dorade coryphène qui a bien eu l’amabilité de se sacrifier. Qu’elle joie de sortir mon premier poisson des eaux de l’océan. C’est à la poêle, simplement que je la cuisine.
Le troisième jour, se sont 3 dorades que je vais sortir de l’eau. Une avec la canne et 2 en même temps sur la mitraillette. Nous avons observé que les dorades mordent régulièrement par d’eux, une un peu argentée et l’autre légèrement dorée. C’est quand même bien plus pratique de sortir 2 poissons en une fois (désolé pour l’orthographe de fois, foi, Foix, foie, je ne sais jamais lequel c’est le bon. Un peu tordu cette langue française n’est-ce pas ? Enfin ce n’est qu’une faute répétée parmi tant d’autres). Ce jour, se sera au four avec des tomates et des petits oignons qu’elles finiront.


 
Ah oui j’oubliais de mentionner que la pêche c’est aussi beaucoup de temps à d’emmêler les lignes entre elles. C’est une réelle activité zen à laquelle je m’adonne quotidiennement. Autre activité, certes moins agréable mais nécessaire, est le nettoyage des poissons. Je m’assois dans la jupe, un bout (corde) à la cheville, les écailles puis les vide, en faisant attention à ce qu’une vague n’emporte pas la prise. Il est arrivé des moments ou j’ai vraiment eu l’impression que l’océan voulait récupérer son poisson avant que nous puissions en profiter. Je n’ai à ce jour ou j’écris ces mots, aucune perte à déplorer.
Poisson tout les jours ce n’est pas possible, il faut varier notre alimentation. Je me résigne, certains jours à ne pas pêcher. Et puis, il n’y a pas que la pêche pour s’occuper. Je continus régulièrement à lire les Glénans qui comporte quand même 1046 pages, je pense en lire la grande majorité lors de ce voyage. Je me suis aussi mis à l’anglais de manière assidue, un peu du livre Assimil anglais et beaucoup de Roseta Stone américain qui est un logiciel ma foi, fort agréable (pour l’histoire des fois il faudrait que j’apprenne par cœur le sketch de Raymond Devos, trop tard pour ce coup). Après exposition de mon problème d’orthographe, José ma proposer une phrase mnémotechnique qui suit :   
« Il était une fois, dans la ville de Foix, un marchant de foie, qui se dit ma foi, c’est bien la dernière fois que je vends du foie dans la ville de Foix. »
En restant sur ce thème de l’écriture, il me reste en autre à élucider l’emploi du bon c’est, s’est, ces et ses. Si quelqu’un a un truc infaillible, je suis preneur.



Donc oui alors, les activités à bord sont la pêche, les Glénans, l’anglais et la cuisine. Malgré le fait d’avoir mon matériel complet, je n’ai pas pu encore me lancer dans la peinture Pastel. J’ai lu les bouquins techniques, mais vous comprendrez qu’un bateau qui bouge tout le temps n’est pas forcément le lieu le plus approprié à ce loisir. Merci Gaëlle et Nicolas de m’avoir offert le livre professeur « le pastel, pas à pas » qui, j’ai bon espoir, un jour, me fera passer du stade de débutant à celui de confirmé.
Retour à la pêche, nous sommes au 6ème ou peut-être 8ème jour de navigation, il est 19h, le soleil se couche tranquillement à l’horizon. Seule une dorade a été prise, tandis qu’une seconde s’est décrochée à 15m de l’arrivée. Donc, j’enroulais doucement la mitraillette, quand soudain j’ai senti que quelque chose venait de mordre. Direct, je me suis dit que ce devait être un beau poisson ou du moins un poisson différent des dorades. Pour infos la dorade une fois ferrée n’oppose aucune combattivité, elle reste en surface sur le flan et se laisse ramener tranquilement. Ce que j’avais au bout du fil était bien un poisson combattif qui ne voulait pas montrer son nez. Ce n’est qu’à quelques mètres du bateau, qu’il se résigna de son destin entre nos mains. Nous supposons que c’est un brochet des mers, le fameux Barracuda, qui est devant nous, il est zébré noir avec des reflets argentés et bleus.

 

Enthousiasme à bord, enfin nous allons pouvoir nous préparer un bon aïoli typique du sud. C’est chose faite le lendemain midi, un vrai repas provençal commencé avec, tradition oblige, un petit pastis et finis avec une petite sieste.
 


Le rythme est toujours le même, nous n’avons pas vu âme qui vive depuis maintenant 8 jours, jusqu’au moment où vers 21h, les feux de navigation d’un cargo se dessine à l’horizon. Il fait route vers l’est, s’est à 4 miles qu’il nous croise pour rapidement disparaître dans la nuit. Les quarts sont toujours personnellement, dédiés à l’écoute de musique, lecture des Glénans et à l’observation du ciel. Au milieu de l’Atlantique, à plus de 2000km de la première source de lumière, les conditions sont idéales pour observer le rayonnement des étoiles. Après réflexion, je pense qu’une seule nuit s’est passé sans que je puisse capter une étoile filante, sûrement n’y ai-je pas porté une attention particulière. Quand l’heure du quart correspond, l’apparition de la lune est toujours un moment magique dont je ne me lasse pas. Tantôt lumineuse, tantôt voilée, elle n’est jamais pareille et continue inlassablement son rythme de croissance et décroissance. Toutes les 10 minutes environ, je jette un coup d’œil minutieux sur l’horizon afin d’y déceler une possible présence.



Nous sommes maintenant à mis parcourt, jusque là le vent nous a bien porté, mais la tendance pour les prochains jours est à la baisse. Cela aura au moins pour avantage de moins bouger le bateau et son équipage. Le record de la plus grosse prise sur Sangui est battu ce jour. C’est une grosse dorade que Bernard et moi remontons à notre bord. Celle-ci est magnifique, d’un ton bleu très prononcée qui s’atténuera avant la photo. En rembobinant la mitraillette je ne l’imaginais pas si grosse, mais une fois à nos pieds, il a fallu se démener pour la maitriser, 4 mains étaient bien nécessaire.  Forte de son précédent succès nous rééditons l’opération Aïoli qui se solde par la même note positive. Peut-être la digestion est-elle un peu dure par les 25 degrés, mais se n’est qu’une anecdote.



En effet, le soleil est notre ami depuis le début du voyage. A ce jour aucune averse digne de ce nom, permettant de dessaler l’extérieur du bateau, n’est alors tombée. A justement en parlant de cela, il est 2h30 du matin, je finis mon quart et voilà le premier grain (perturbation du vent et pluie) qui nous tombe dessus. En 30 secondes, le vent a tourné, le bateau s’est couché, les voiles se sont mises à claquer dans tous les sens. Il nous a fallu dans la précipitation réduire la voilure, remettre le bateau au portant et ainsi stabiliser notre avancée. S’est en vivant ce genre d’expérience que la vigilance en mer doit être permanente, car en quelques dizaines de secondes tout peu se transformer. Dans le cas présent la mise en place de retenues de baume de part et d’autres de celle-ci fut très judicieuse. C’est ainsi que l’on évite un empannage violent qui pourrait mettre le mât à l’eau, et transformer un agréable voyage en galère inimaginable.



 
Le jour se lève, le temps reste instable, la mer est chargée de paquets d’algues de sargasse. Cette algue est connue des marins car elle constitue dans la partie centre nord de l’Atlantique une zone qui s’appelle la mer de Sargasse, traditionnellement le vent y est quasi absent. Cette mer dérivante était redoutée du temps des galions, car ils se retrouvaient bloqués au milieu de celle-ci et des parasites attaquaient la coque en bois. Mais enfin pour nous, se ne sont que des résidus faisant suite sûrement suite à une tempête dans ce lieux bien au nord de notre position. S’est sans conviction qu’à 8h30 je mets le matos de pêche en place. Il nous a pas fallu attendre longtemps, à peine une heure pour que la magie opère. Je remonte la mitraillette où 2 poissons se sont accrochés, aussitôt je rembobine le lancé au bout duquel un poisson est aussi accroché. Résultat, record du nombre de poissons pris en un coup. Alors par contre on ne connaît pas leur nom, c’est la première fois que Bernard en voit et nous n’avons à bord pas de livre permettant de les identifier. Il mesure entre 20 et 40cm, de couleur marron présentant en travers de la tête une bande noire oblique allant de bas en eau. Il se nourrit sûrement des fameux parasites de sargasse car j’ai trouvé de petits crabes dans leur estomac. Comme d’habitude je m’attèle à l’ingrate tâche de leur nettoyage, mais chose qui n’est pas coutume, j’ai eu l’impression de me baigner pendant 5 bonnes minutes car la pluie a été très abondante et toute aussi rafraichissante.
Les trois cocos au four avec oignons, tomates, citron et vin blanc, furent dégustés avec délice par Bernard et moi. Nous sommes d’accord pour dire que se sont les meilleurs poissons que nous avons jusqu’alors mangé lors de ce voyage.


   
Voilà, hors mis la pêche, le temps passe tranquilement (je crois que tranquilement revient régulièrement, mais c’est vraiment avec cet agréable rythme que se déroule le quotidien). Bref, aujourd’hui je me propose d’effectuer le matelotage sur le bateau. Cette tâche consiste à vérifier les extrémités de tous les cordages, et de les réparer s’ils sont effilochés, afin de stopper la progression. Pendant une bonne heure, avec un fil comme du fil de cuisine, je perfectionne ma technique de régularité et de serrage des tours. Un coup de cutteur pour enlever la partie effilochée et enfin soudure au briquet terminent l’opération.
Tous les 4 ou 5 jours, dans l’après-midi, je fais le pain. Je me débrouille pour avoir de la pâte pour un gros pain et une bonne pizza. Donc traditionnellement, c’est pizza Berrichonne au menu du soir, c’est-à-dire pizza généreuse et nourrissante d’environ 4cm d’épaisseur. Accompagnée généralement d’une salade de choux, c’est toujours un succès.
Nous sommes le lundi 11 février, il est 13h quand Bernard s’écrit « Une baleine !!). Depuis le départ nous attendions en vain l’apparition de ce mythique mammifère de nos océans. Mobydick  arrive de face et passe lentement à 100m sur tribord. Se n’est pas une grosse baleine, mais elle devait quand même mesurer entre 10 et 15m. A notre hauteur elle pivote, nous voyons nettement sa tête qui sort de l’eau pour mieux nous observer. Les baleines sont réputées curieuses, c’est pourquoi il se peut qu’elle est déviée légèrement son itinéraire pour venir voir, qui ou qu’est-ce que nous étions. Rapidement elle a continué son chemin en nous saluant une dernière fois par son traditionnel souffle du style Tccchhiii, CHHuuiiee ou Chhhiiooo, un truc de ce genre. A noter que nous n’avons plus vu de dauphins depuis La Palmas, c’est vous dire que cette visite nous a fait à chacun, très plaisir.



Nous sommes le 12 février 2013 et chaque année le 12 février, c’est le jour de l’anniversaire de mon frère jumeau Nicolas et le miens. Alors, bon anniversaire frangin, joyeuses 31 piges. J’ai bien reçu les mails part l’intermédiaire de Paule et Bernard, merci beaucoup la famille, cela ma fait très plaisir. Il faut dire que je ne m’y attendais pas. Je pense à vous et je vous embrasse bien fort.
Comme il se doit en pareille occasion, j’ai préparé quelques trucs, histoire de marquer le coup. J’ai donc fait un gâteau au chocolat style 200 version 150 et des petits toasts variés. La veille, j’avais bien pris soin de mettre le champagne au frais.


Au moment de l’ouvrir, en sachant que dans le frigo tout est remué, j’avais un peu peur que ça parte en mousse. Il n’en fut rien, juste un petit verre est sorti, permettant ainsi d’offrir comme la tradition le veut, un peu de champagne pour le bateau.  J’ai servi les 4 verres, puis s’est à l’océan que j’ai versé le fond de la bouteille. J’ai confectionné comme j’ai pu un truc qui ressemblait à des bougies. Pour se faire j’ai laissé tremper des allumettes dans l’huile, cela n’a eu qu’un succès moyen, mais m’a quand même permis de souffler les bougies.  Nous avons passé un bon moment, c’est la première fois que je fête mon anniversaire sous le soleil, je ne peux pas dire que se soit désagréable, peut-être même voir agréable.



Dans l’après-midi, je passe à la douche. Ce n’est pas la première, mais je ne crois pas en avoir parlé, alors vu que j’ai fait un peu le tour de la vie à bord, je vais raconter ça. C’est très simple, une bassine, un seau d’eau de mer, le gant et le fameux gel douche spécial mer qui permet soit disant de ne pas se rincer à l’eau douce et d’être quand même non salé à la fin. Ah oui en faite, le sel est un ennemi dur à combattre, il se met partout et a le gros défaut d’attirer toute l’humidité. Il est toujours désagréable d’enfiler un vêtement qui malgré le fait d’être propre est tout poisseux, mais on s’y habitue par la force des choses. Le lavage de l’homme se fait dans la jupe tout simplement, la difficulté résidant surtout à garder l’équilibre. Par mesure de sécurité nous nous attachons un bout au pied et obligatoirement quelqu’un doit être éveillé pour jeter un coup d’œil de temps en temps. Shampoinnage, frottage et rinçage à l’eau de mer, le tous conclu par un sur rinçage à l’eau claire. Voilà le bonhomme tous neuf et tous propre, car préalablement rasé tel un gentleman. Ce soir, en cadeau d’anniversaire, je me suis offert le plus gros sac de nœuds du voyage. A grands coups de volonté, après plus d’une heure d’obstination je viens à bout de cette épreuve. Un grand Ouais !! de soulagement finit cette tâche, enfin, je peux profiter de la nuit tombée.

Nous sommes maintenant le 13 février, il est 15h15, une distance de 200 miles nous sépare du port des Marins en Martinique. Cela fait 4 jours que nous n’avons plus pris de poissons, au dire de Bernard, cela est normale et lui était déjà arrivé auparavant. Je continu tout de même la pêche et ne  désespère pas.



Au matin, suite à la baisse du vent, environ 8 nœuds, le tangon a été mis en place pour maintenir le génois écarté du bateau et ainsi éviter qu’il ne faseille trop et que les écoutes tapent le pont. A la tombé de la nuit, par sécurité, nous commençons à ranger le tangon. Depuis le début de la manœuvre quelque chose ne va pas, cela inquiète Bernard mais nous continuons. Une fois hissé à une hauteur d’environ 5m, il s’est démanché de sa cloche. Le tangon est alors tombé le long du mat, tandis que Bernard a maintenu comme il pouvait l’autre extrémité au niveau du pont. Par chance, le tangon est allé se coincer entre le mat et la drisse de pavillon, il à donc été stoppé dans sa course. Nous pensons que cette avarie est due au fait que la balancine ne passait pas au bon endroit et quelle a due, lors de la montée du tangon le long du rail, se coincer et entrainer une pression sur la gâchette qui permet de libérer le crochet qui retient la rotule du tangon dans la cloche.
Cela aurait pu être dangereux, mais on s’en est bien sorti. Comme quoi  en navigation il faut toujours rester attentif et analyser le moindre petit problème.

La suite vient bientôt....
















lundi 18 février 2013

Iles du Cap Vert – 21 au 29 01 2013



Ça y est, nous voilà au Cap vert ! Ce pays est un archipel de 10 îles se situant au large du Sénégal. Ce sont de petites montagnes asséchées par le vent qui nous accueil. Le mouillage qui nous a été conseillé est facile d’accès, il se trouve sur le port de pêche de Palmeira, l’endroit est déjà pas mal occupé, il nous faut quelques temps pour lâcher l’encre dans de bonnes conditions. La présence d’épave sous l’eau, dans ce genre de lieux est un souci malgré la position GPS de celles-ci, il est toujours dangereux et approximatif de s’en rapprocher.

La mission du jour est le montage de la grosse annexe qui nous sera nécessaire pour débarquer à terre. Chose faite et moteur mis en place, nous pouvons rejoindre la ville pour faire comme d’habitude : Les papiers qui sont les droits d’entrée (la clairance) et les formalités d’immigration. Donc comme l’oblige la loi on paye un droit d’entrée, ensuite avec José et Nadia nous allons à pied pendant 1H30 jusqu’au petit aéroport pour les passeports, et on redonne encore un peu de fric.



La grande ligne droite le long de l’aéroport est le lieu du footing, il est 17h, les Cap Verdiens sont à fond. Naturellement comme un bon petit français que je suis, je me joins à eux pour 15 min de petites foulées. Je dois avouer que c’est assez agréable de se dépenser un peu, du fait que sur le bateau les mouvements sont assez limités. Il se dit qu’en navigation, les muscles travaillent en permanence pour s’équilibrer. Vrai au Faux, je ne peux pas encore le dire, il n’empêche qu’un peu de course à pied à 25°C, ça ne peut pas faire de mal. C’est à Espargo, où nous passons quelques heures que l’on commence à voir et entendre le Cap Vert. Les rues sont occupées d’une grande majorité de personnes ayant entre 15 et 35 ans, une population originaire du Sénégal est présente, ce sont eux les plus pauvres, ils vendent comme dans tout les pays du monde des bracelets, des super lunettes de soleil et autres articles invendables.


Le soir nous retrouvons Bernard dans un petit bistrot, style paillotte, à vrai dire le seul endroit où l’on peut manger, autre qu’un restaurant. Nous y buvons, ce qu’ils appellent un punch, un genre de mélange sucré fait maison. Un supplice pour le finir, franchement pas bon, mais je n’ai pas l’habitude de laisser ce qu’on me sert. Nous grignotons des beignets de poisson frits, puis retour au bateau avec l’annexe.



Le lendemain matin, nous sommes à terre dans l’attente de l’arrivée des pêcheurs. Ca y est, les voilà, ils déchargent leurs filets où sont emmêlés de nombreux maquereaux. Les gens du village sont amassés autour d’eux. Avec un fonctionnement que je n’ai pas saisi, chacun prend ses poissons, pour les uns une poignée et pour les autres plusieurs dizaines. Une fois les filets vidés, tout ce petit monde se disperse jusqu’au prochain bateau qui fera son arrivée.



C’est aujourd'hui, le 23 janvier que le Cap Vert joue contre le Maroc dans la Coupe d’Afrique des Nations. Avec Nadia et José nous prenons un taxi collectif jusqu’au centre ville d’Espargo. Nous nous installons dans un café où il y a du monde et un peu d’ambiance. Il n’y a pas beaucoup de gens dans les bars, en raison, je crois, du coût élevé de la vie et donc des consommations. Malgré cela, les Cap Verdiens se réveillent au premier but, les klaxons raisonnent dans toute la ville. L’égalisation du Maroc n’y change rien. Les drapeaux du Cap Vert, flottent sur toutes les voitures, pendent aux fenêtres, petit à petit le calme revient pour retomber dans la tranquillité. Nous retournons au petit port et appelons Bernard au talkiwalki qui vient nous chercher avec l’annexe. Les nuits sont tranquilles et calmes en bateau, hormis les petits bruits incessant des cordages ou des petites pièces qui pièces qui roulent dans les tiroirs, pièces alors.



Le départ de l’île de Sal est prévu en début d’après-midi afin d’effectuer les 120 miles nous séparant de Sao Vicente dans la nuit et ainsi arriver au levé du jour. Il est toujours préférable d’entrer dans un port de journée, on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre malgré les informations données par le GPS et les cartes marines. De plus un transit constant des cargos, de féries et de plaisanciers dans ces zones ne facilitent pas la chose.



Il est 7h du matin, je suis de quart. Cela fait une heure que nous longeons les côtes. Le jour se lève en même temps que l’équipage au complet. Il nous faut dans un premier temps passer entre le rocher et la pointe de l’île, puis éviter 2 cargos qui sortent du port et enfin repérer les épaves. Nous pouvons alors nous faufiler entre les bateaux au mouillage et à notre tour, jeter l’ancre.



Il est 9h, les manœuvres sont finies, nous pouvons alors relâcher notre attention et profiter d’un bon café. Il nous faut alors préparer le bateau pour un mouillage de quelques jours. C’est-à-dire bien ranger les voiles dans leurs protections anti UV, attacher un maximum de cordages risquant de taper le mât, monter l’éolienne pour une meilleure production, installer le moteur hors bord sur l’annexe, et là enfin nous sommes parés pour le débarquement. Comme d’habitude, passage obligatoire aux douanes et à la police, c’est là que nous retrouvons des personnes rencontrées dans les ports précédents, ainsi que de nouveaux navigateurs et navigatrices. La ville de Mindelo est assez jolie, des bâtiments coloniaux de l’ère Portugaise sont largement présents. Des marchés couverts de poissons par ci, de légumes par là, sont dispersés. 



Certaines rues sont elles aussi un genre de marché où chacun proposent ses quelques produits qui leurs permettent de gagner un peu d’argent. Je me suis laissé tenter par pas mal de choses car comme vous me connaissez, il faut que je goûte tout. Alors mes grignotages furent, un genre de merguez avec des gros bouts un peu space, des beignets de poulet et de poisson, du poisson pané et des beignets de banane. De la bonne friture bien grasse, voilà quelque chose dont je me suis régalé et qui contraste avec l’alimentation à bord du voilier.



En fin d’après-midi, je prends une réservation pour 2 plongées sur la côte Ouest de l’île, à côté de San Pedro. Le rendez-vous est fixé à 10h du mat, je retire mes 1100 Escudos (110 euros) pou la plongée et un peu d’argent de poche. Me voilà dans le taxi collectif qui me dépose donc à San Pedro, de là je marche une quinzaine de minutes jusqu’au Foya Branca qui est un complexe touristique au milieu de rien sauf de la plage. Il est 9h, je me ballade dans ce lieu complètement artificiel où les piscines et petits jardins se côtoient. Pourquoi ne pas profiter d’être ici pour allé voir ce qui se passe au restaurant du complexe. Je me présente et décide d’y prendre un petit déjeuner. Je sais que ce n’est pas trop conseillé avant la plongée, mais je me suis goinfré de bacons, saucisses, œufs au plat et brouillés, pain perdu, tartines, crêpes et un peu de café et jus de fruit. Bon, il faut être raisonnable, de toute façon il est 10h, il est l’heure que j’y aille. Je rempli l’habituel formulaire de décharge, essaye la combinaison et hop nous voilà sur la barque de pêcheurs qui va nous mener sur le site de plongée qui est de part et d’autres de la Playa Ribéria (idéal pour un mouillage).



Madeleine, 65 ans est la seconde personne qui est vient plonger, nous sommes accompagnés de 2 moniteurs et 2 pêcheurs pour le bateau. Les conditions sont idéales car l’eau est très claire et c’est à l’abri du vent. Le must est quand même d’avoir un accompagnateur par personne, cela ne risque pas d’arriver aux Antilles. La première plongée dure 45 minutes, nous sommes descendus à 22m. C’était super, il y avait des poissons de toutes sortes, entre autre un énorme poisson coffre dont la tête  était grosse comme un ballon de foot. Dans une cavité difficile d’accès nous avons observé un requin nourrice d’environ 1m50. Première plongée de toute beauté ! Ensuite nous sommes allés  dans la petite crique de la Playa Ribéria pour effectuer une pause d’1 heure nécessaire entre 2 plongées. Je m’imagine bien ici au mouillage en bateau, un vrai coin de paradis accessible uniquement par l’océan. La seconde plongée s’appelle « les 1000 poissons », je confirme qu’elle porte bien son nom. Les poissons sont partout et de toutes les couleurs le long d’un massif immergé d’une vingtaine de mètres. Pour la première fois je suis rentré dans des galeries d’à peine 1m de haut. La sensation est assez étrange, voir flippante, car on est à 20m sous l’eau dans un tunnel où la mobilité est très restreinte. Pour avancer, il nous faut ramper, les bouteilles frottent le plafond, la lampe torche est notre seule lumière (merci Aurélien et Aurélie pour cette lampe torche qui est très utile dans l’eau comme sur le bateau lors des manœuvres). Enfin nous arrivons dans un espace où de nombreuses petites raies Manta se reposent et surtout un endroit qui va nous permettre de faire demi tour. Nous continuons au milieu des 1000 poissons, la plongée arrive à son terme, nous entamons la remonté. Quand d’un coût d’un seul, surgit des profondeurs, une immense Raie Manta, tout est relatif, elle devait bien, sans exagérer faire 2 mètres. Elle est venue nous saluer  avant de repartir à sa vie aquatique et nous à notre vie de surface. Jusque là je me disais du Cap Vert « Ouais bof, rien d’extraordinaire » et bien maintenant je suis émerveillé au souvenir de ces 2 plongées.
 Je retrouve Bernard en fin d’après-midi, je l’emmène dans les quelques lieux que j’ai repéré, de préférence typique et fréquenté de locaux. C’est au bar Lisboa que nous sommes restés fidèle. En permanence des musiciens plus ou moins éméchés prennent la guitare du bar et se lancent dans des délires de parfois n’importe quoi, mais aussi de très belles chansons Cap Verdienne, style Césaria Evora.



Tous les jours nous avons fréquenté cet endroit où un réel sentiment de joie et d’insouciance planent. Les milieux sociaux s’y mélangent simplement et des touristes comme nous sont rapidement intégrés, avec je l’avoue un peu de grogue (sorte de rhum maison dégelasse mais pas cher). Le soir nous dinons dans un restaurant où la aussi la musique fait partie du décor.


Ce dimanche 27 janvier 2013, le Cap Vert est euphorique, comme chez nous lors de la coupe du monde 98. Ça y est, pour la première fois de son histoire et pour sa première participation à la CAN, le Cabo verde est qualifié pour les quarts de final. La joie est à la mesure de l’exploit pour cet archipel d’îles qui a son indépendance que depuis 1975. La musique, les klaxonnent hurlent à tout rompre. Les pick-up sont chargés débordent, je ne pensais pas que l’on pouvait déplacer autant de monde sur une seule voiture. Des milliers de personnes se massent dans les rues, les drapeaux à la main, chantant la victoire de leur équipe.



J’ai vraiment l’impression d’avoir la chance d’assister à cette liesse populaire dans ce pays où parfois la vie doit être difficile. Je suis maintenant persuadé et convaincu que derrière son apparence réservée, le Cap Vert est plein de joies et de fiestas. La fête durera plusieurs heures avant le retour à la quasi normal pour un dimanche soir. Je finis la soirée dans une pizzéria avec Nadia, José et une dizaine de jeunes navigateurs. Parmi eux Capucine, qui a entreprise un long voyage à bord d’un petit bateau de 6m de conception très basique. Je n’ai pas été voir son blog www.whereisturatari.blospot.com, je pense que ça vaut le coût d’y jeter un coup d’œil. L’exploit me parait énorme quand je vois comment sur notre voilier de 14m50 nous sommes bougés dans tout les sens. Je l’imagine à ras la flotte au milieu l’immensité de l’océan, un truc de ouff!!



  A part elle, il y a beaucoup de bateau stoppeur qui cherchent des embarquements pour les Antilles ou le Brésil. Des familles avec enfants sont aussi là, venues en voilier. Et des types plus ou moins âgés venuent en solitaire depuis la France. C’est assez impressionnant de voir cette communauté française aussi jeune et nombreuse dans ce milieu qu’est la mer. Cela me rassure et je me compte que ce style de voyage n’est pas réservé qu'aux riches. Tout ce petit monde, une vingtaine de personnes, sommes le lundi soir au club nautique. 


Pour moi et d’autres, c’est la dernière nuit avant la grande traversée transatlantique. Cette soirée a été très festive. Après la fermeture du club où l’on a déjà bien festoyé, c’est dans la rue que nous avons continué à danser au rythme de l’accordéon et clarinette d’un jeune couple de bateau stoppeur. Avec un petit groupe et des Cap Verdiens nous avons continué dans divers lieux obscures de la ville où toujours la bonne humeur était de mise. Le jour se lève, nous ne sommes plus que 4 sur un voilier neuf en convoyage. Son skipper  les 2 équipières et moi, sommes au café. Pendant plusieurs heures, comme un livre audio, Stéphane nous conte les récits de ses nombreuses navigations durant 15 ans à travers les mers et océans du globe. Ce fut une soirée qui me restera longtemps en mémoire. Il est 10h du mat, faudrait peut-être que je rentre au bateau pour préparer le départ. J’appel Bernard à la radio, qui vient tranquillement me chercher. Je prends une petite douche fraîche et hop, c’est parti pour les préparatifs. Il est 14h00, je me retourne une dernière fois sur le Cap Vert pour lui faire mes adieux. C’est plein de belles images et rencontres, avec un très bon sentiment qu’à 15h enfin je peux aller m’allonger pour un repos bien mérité. Au revoir Cap Verdiennes, au revoir Cap Verdiens, au revoir les marins et peut être à une prochaine. Inch Allah qu’on se revoit !!!